samedi 15 novembre 2008

.../LE SENSIBLE/...

La réalité du monde s'exprime pour les êtres vivants de toute espèce par sa/ses qualité(s) sensible(s). C'est-à-dire que le monde n'est pas sensible ou sensibilité en lui-même, mais il prend corps pour nous, êtres vivants, à travers nos capacités à le percevoir et à se sentir atteint par lui, en nous. Nous sommes sensibles au monde et nous vivons à travers/par cette sensibilité.
Alors s'amorce la lutte de chacun pour conquérir sa propre part du sensible et lui donner sens. Aussitôt qu'il est perçu, senti, le monde prend sens : il nous inflige joie, peine, curiosité, découverte, incompréhension, ressentiment... Chaque entité vivante construit son monde à partir du sens que va recouvrir pour elle ses expériences sensibles. Et tenter de l'établir en tant que système.

Les pratiques esthétiques et le travail participent ensemble à « une recomposition du paysage du visible, du rapport entre le faire, l'être, le voir et le dire ». (Jacques Rancière, Le partage du sensible)
Dans l'exercice du partage du sensible, et donc de la répartition des pouvoirs, il y a le risque de devenir insensible. Que le monde n'existe plus dans sa dimension sensible, mais factuelle. Le cours de la bourse, les transactions financières mondiales, la litanie des informations télévisées, le flot des images, les discours institutionnalisés.

L'expérience esthétique comme résistance à l'insensibilité des forces de partage des pouvoirs.

Emeline Eudes, le 14/11/2008

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