jeudi 4 décembre 2008

.../SYMBOLE/...

P1020372 par vous
Pauline Bastard
"Relance"
(guirlande)

Le monde est signe pour l'ensemble des êtres vivants. Ces derniers réagissent en fonction des phénomènes perçus autour d'eux, transformant ces événements, par leurs réactions adaptées, en supports d'interprétation, c'est-à-dire en signes. Parmi ces êtres, les humains ont développé un système complexe de signes, soumis à des régimes de compréhension diversifiés. Le symbole fait partie de cette famille. Pour le définir de façon globale, on considérera qu'il s'agit d'un signe dont l'interprétation repose sur une convention entre les personnes qui l'utilisent. Autrement dit, il possède un caractère arbitraire, puisque l'accord sur lequel il repose est déterminé par le milieu culturel dans lequel il est émis.
Par delà la définition se trouve l'usage. Et l'usage des symboles abonde dans les sociétés humaines. Enjeu de différentes applications, le symbole se retrouve aussi bien dans le langage verbal que la musique, les régimes politiques ou encore les pratiques religieuses. Il travaille à
désigner des sens précis, des émotions particulières, des objets de cohésion, de pouvoir, d'autorité. Il induit de plus une reconnaissance mutuelle entre les personnes qui s'en servent.
Qu'advient-il du symbole, dans sa globalité, lorsque celui-ci est l'objet d'une fabrication artistique répétée, exposé aux injonctions de l'urgence et de l'instantanéité ? Quelle(s) propriété(s) doi(ven)t être mise(s) en avant ? Comment l'artiste va-t-il opérer ses choix ?

Dans la société occidentale, issue d'une élaboration historique du pouvoir par l'instrumentalisation de l'image, le symbole visuel occupe une place prépondérante. Il possède un impact de l'instant, que nous sommes entraînés à percevoir. C'est alors au niveau de la codification que les possibles surviennent et qu'il faut trancher : quel registre émotionnel viser, quel matériau sera le plus adéquat à incarner ce registre, quel(s) code(s) culturel(s) sous-entendre (afin d'aider au déchiffrement instinctif par le spectateur) ?
La fabrique du symbole à des fins artistiques a cette spécificité de devoir compter sur l'intuition, l'imagination et la curiosité du spectateur. Il est un symbole en attente d'acceptation, de compréhension. Non pas déjà établi par des siècles d'utilisation, mais lancé dans le présent avec une part de doute, d'enthousiasme et de singularité. Peut-être parce qu'il reste lié à son auteur, le symbole auquel ont recours les artistes de l'urgence ne peut devenir une convention, déterminé par les sens en alerte - alertés - de son concepteur. Peut-être parce qu'il voisine avec le risque de l'incompréhension, ce type de symbole prend l'apparence d'une dégénérescence du langage. Mais investi en même temps par la possibilité de réanimer les domaines du sens délaissés par une volonté totalisante d'orientation des regards.

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